Interview de Joseph MUKUNGUBILA par Tito KANZA pour C-RETRO, 2008

Le Prophète de l'Eternel, Josepĥ MUKUNGUBILA; Photo de 2007 par Tito Kanza
Le Prophète de l’Eternel, Josepĥ MUKUNGUBILA; Photo de 2008 par Tito Kanza

Tito Kanza Olivier : Qu’est-ce que votre candidature à la magistrature suprême vous laisse comme souvenir ?

Paul-Joseph MUKUNGUBILA : Sur mes affiches de campagne on pouvait lire, Paul-Joseph MUKUNGUBILA « CANDIDAT UNIQUE, le CHOIX DE DIEU ». Ils ont dû se dire : Nous allons voir comment Dieu va le voter. Et ce n’était pas par provocation que nous nous disions être « candidat unique. Ce n’est pas par ambition que nous nous sommes levés, comme les autres, moi je n’étais pas compétiteur. Je ne sais pas si vous saisissez la subtilité. C’est Dieu qui réclame qu’on lui restitue son pouvoir, et il voulait marquer cette volonté en m’affichant parmi les 32 candidats, pour que tous se rappellent qu’il n’y a eu qu’un seul homme qui se soit exclusivement présenté sous la bannière de Dieu. Je suis le seul à avoir félicité les deux candidats restés en lisse au premier tour : KABILA et BEMBA ajoutant que s’il est vrai qu’il y aura un deuxième tour, que l’on sache qu’il aura assurément un deuxième tour de Dieu, c’était au journal de 20h00 de la Radio Télévision Nationale : RTNC.

J’avais dis, si par des voies illicites, l’un ou l’autre candidat parmi les 32 veut s’imposer, il trouvera tôt ou tard mon Dieu sur son chemin.

TKO : Quelles sont vos actualités ?

P-J M. : Je suis monté à Kinshasa de Lubumbashi où j’étais avec une seule pensée, attirer l’attention de mon peuple sur une évidence ; L’on ne peut pas se passer de Dieu, la RDC ne peut plus se passer de Dieu. Je l’avais dit haut et fort qu’ils allaient tous expérimenter l’amertume, s’ils laissaient échapper cette opportunité que l’Eternel leur offrait de prendre parti pour Dieu. En venant à Kinshasa, j’avais dit que cette conférence AMANI est une distraction, une de trop. Aujourd’hui, j’entends certains députés de la majorité braver les consignes de leur plateforme pour dire que cette conférence a été une distraction. Je ne peux pas vous donner le profil de l’amertume, mais, elle est là, latente, partout ! Grèves, tensions sociales, insécurité.qui dit pire ?

Mais, cela ne m’empêche pas à cheminer comme par le passé avec mon peuple dans son combat quotidien. Dernièrement, j’ai participé au financement d’un atelier dans un nouveau département de l’ISP GOMBE, l’enseignement a toujours été un inconditionnel pour moi. J’ai envoyé des équipes chez moi partout où la guerre a fait des ravages pour relancer l’espoir, dans les territoires de Kabalo et de Tanganyika. Je suis très content du travail de sensibilisation au Sud-Kivu, et je suis particulièrement heureux du soutien que me témoigne la Diaspora Congolaise partout où elle est.

TKO : Vous avez participé à la Conférence de réconciliation Europe-Afrique, quel était son but ?

P-J M. : Je suis le seul à avoir annoncé ces choses longtemps avant, dans la presse du Zaïre d’abord, et j’ai continué à marteler dans la presse du Congo. J’avais dit sur Digital Congo TV que lorsqu’ils verront l’Homme blanc venir s’agenouiller devant l’homme noir, c’est alors qu’ils évalueront la véracité de mes déclarations ! J’avais dis que l’Evangile que le colonisateur nous avait présenté, était falsifié, j’avais dit que le colonisateur nous avait imposé une Eglise à l’Européenne et non l’Eglise du Dieu vivant en mars 1995, dans 10 journaux de la place ! J’avais dit que pour maintenir son hégémonie sur l’Afrique, l’Europe à Berlin avait tronqué les frontières. L’opinion publique nationale sait que je suis le seul à répéter depuis des années que la restauration partira du Congo RDC et que la paix du Congo amènera la paix du monde entier !

Et comme si nous avions convenu avec les Européens qui sont venus se repentir, ce sont ces choses qu’ils sont venus déclarer en pleurs ! Et comment les organisateurs ont-ils pu manquer de m’inviter ? Non, je n’ai pas eu l’honneur de participer à cette conférence, néanmoins, elle s’inscrivait dans les temps arrêtés. Depuis 21 ans, après jeunes et prières, nous avions fait un vœu de ne solliciter aucune contribution de Japhet, l’homme blanc, jusqu’à ce que l’Evangile dont je suis porteur lui parvienne, et c’est le 14 juin 2008 que j’accepterai un don d’un frère de race blanche, Paul Racines de son nom. J’inviterai les miens à fêter les prémices de la réconciliation entre Japhet et Cham (le noir), et du 19 au 21 juin, et il y a eu cette conférence, c’est comme cela que je suis intervenu comme par interpellation, m’adressant directement dans une lettre à la délégation Européenne. La première conséquence logique, c’est de voir tous ces pasteurs qu’ils ont formé démissionner parce que détenteurs d’un Evangile souillé! Le représentant du chef de l’Etat a dit qu’il remettait entre les mains de l’Eternel la RDC afin qu’il (Dieu) préside à son destin, pour son développement et nous nous disons : Dont acte alors !

TKO : Il y a cent ans, le roi Léopold II cédait son Congo à la Belgique. Aucun évènement n’a été prévu pour commémorer le geste du Roi. Pensez-vous que le Congo soit réellement indépendant aujourd’hui ?

P-J M. : Les sujets du Roi des Belges n’ont pas commémoré cet évènement. C’est une très bonne chose. Et nous encore moins car vous n’êtes pas sans ignorer que ce tour de passe – passe entre le roi et la Belgique a conforté le statut quo : Même philosophie d’exploitation, même prétexte fallacieux : Au nom de la civilisation, mais surtout sous couvert de religion, avoir voulu éradiquer notre culture, et notre force vitale. J’estime qu’un MEA CULPA de la couronne Belge et du gouvernement Belge exorciseraient certaines inimitiés tenaces, beaucoup de frustration et beaucoup de stigmates d’humiliation et de cruautés dont l’exploitation politicienne à l’avenir contribuerait à nous entredéchirer de plus belle. L’indépendance du Congo passe par une refonte complète de notre société. C’est à cause de cela que j’avais refusé, c’était un risque, de présenter mon projet de société afin d’attirer l’attention sur une chose. Les ambiguïtés de l’héritage Colonial, ayant engendré un être sans repères sociologiques, historiques et politiques établis, que nous imposera l’Europe Coloniale jusqu’au moment où cet ouvrage va s’avérer être de plus en plus difficile à manipuler (c’est le Congo-Zaïre 60-97) auquel va succéder un Congo à 4 têtes plus une, dont le maitre d’ouvrage est la même communauté Européenne et consort. J’estimais, disais-je, qu’il était impérieux de redéfinir tout d’abord, cette société, notre société ; ce faisant, restaurer ou plutôt, restituer notre identité afin de prétendre recouvrer notre dignité.

Un projet de société sans société ! Aurait été le pire départ qu’on pouvait prendre. On l’a pris. Et aujourd’hui c’est un bouillon de culture où les bactéries rivalisent de virulence. C’est logique qu’on dénombre résurgences de tensions en tout genre comme on est entrain de le voir. Notre identité est la clé de notre indépendance. Puiser dans le spirituel, qui a fait la force de notre premier ancêtre s’impose comme incontournable. L’Evangile que le colonisateur nous a légué étant falsifié, de son propre aveu, et ignorer la prophétie, nous concernant dans ce contexte, nous privera de réintégrer notre identité, de nous revêtir de ce qui fait notre force, de recouvrer notre dignité. Nous sommes un peuple messager pour toute la terre, selon Esaïe 18:1-3, notre destin ne peut plus être envisagé en écartant Dieu. Et c’est libre que nous allons parcourir la terre, libre, indépendant et puissant tel est notre destin avec Dieu.

TKO : Peut-on arriver à rompre les liens entre les deux pays malgré le patrimoine commun ?

P-J M. : J’aimerais pouvoir comprendre que le patrimoine commun dont vous parlez, c’est notre histoire commune. Et la viabilité des liens entre les deux pays passe obligatoirement par une sorte d’état des lieux depuis la période coloniale à ce jour, seul le courage pour une rétrospective historique et politique débattue pourrait préserver et bonifier les relations entre les deux pays.

TKO : Comment définissez vous les relations entre la Belgique et la RDC ?

P-J M. : Les relations entre ces deux pays sont et resteront en otage sous le poids de leur histoire commune ; en otage vis-à-vis de ce qui n’a pas été dit. Il faudra beaucoup de courage pour oser dire la vérité, beaucoup de sagesse politique pour affronter des épouvantails historiques dont il faudrait au moins parler pour en extraire le potentiel de nuisibilité, aujourd’hui, trop de préjugés et trop d’arrière pensées à tort et à raison affectent les relations, et l’on s’en souvient qu’à la faveur des quiproquo diplomatiques et autres avatars. Jusqu’où peut aller le conflit entre les deux nations ? Aussi longtemps qu’on continuera à occulter le passé, faire comme s’il n’a pas existé, cela ne pourra aller que de mal en pis, et je suis incapable de vous dire quelle forme aura le pire. Ce dont je suis sur c’est qu’on aura, alors, raté une occasion pour un partenariat idéal que chaque partie regrettera.

TKO : L’Europe tient un certain discours sur la présence Chinoise en Afrique. Pensez-vous que les Congolais soient floués par les contrats Chinois ? Certains parlent d’un pillage systématique de la part des groupes miniers avec la complicité des autorités politiques de ce pays.

P-J M. : Faudrait-il dans ce cas de figure en être réduit à penser et à supputer en lieu et place des certitudes. Je crois me souvenir que les Congolais ont eu à tenir des assises pour une révisitation des contrats miniers, après que l’assemblée nationale aie débattu particulièrement sur la forme juridique, la quintessence des contrats Chinois, il a fallu même identifié l’interlocuteur, était-ce l’Etat Chinois ou le secteur privé Chinois, ce qui sont autant de signaux qui a posteriori peuvent ne pas rassurer l’opinion publique Congolaise et d’autres partenaires. Même la forme de votre question traduit le cloisonnement de l’information, une opacité qui n’est pas compatible avec tout le bien que le gouvernement voudrait en dire. Il n’y a qu’un pas pour penser à mal.

TKO : Que tire l’Europe de la Chine ?

P-J M. : Je crois que vous voulez dire que tire le Congo de la Chine ? Ce qu’on peut tirer aujourd’hui, du moins l’impact visible qui ne nécessite pas d’assise de révisitation, je crois me souvenir du stade des Martyrs et du palais du peuple. Ce qu’on annonce, jusqu’à preuve du contraire semble n’être que des annonces.

TKO : A l’heure où les puissances occidentales n’aident pas le Congo à reboucher ses trous dans les rues de Kinshasa et que la SN qui a le monopole pratique des prix exorbitants sur le Congo. Pensez-vous que les dirigeants Congolais doivent continuer à attendre une aide qui ne qui ne vient (dra) pas ?

P-J M. : Il y a un proverbe de chez nous qui dit : Celui qui a pour coutume de manger la jambe, ne se contentera plus d’une aile. Nous sommes un peuple noble, quand l’homme blanc est arrivé il a eu à répondre devant des entités royales régies par la force du serment : le lien entre la force spirituelle et la force temporelle, l’homme blanc a trouvé des hommes forts en bonne santé, en phase avec leur milieu par la force de leurs connaissances, de leur sagesse et de leurs cultures, de leurs organisations, bref des hommes dignes. Je suis torturé au plus profond de mon âme quand on en arrive à accepter une simulation selon laquelle, pour boucher les trous de nos routes, il faille recourir à l’aide étrangère pendant que nous dormons et marchons sur des richesses, nos morts sont enterrés dans des terres de diamant, d’or et d’argent ! Il est vrai, Dieu nous a humilié au-delà de ce qu’on pouvait penser, c’est à cause de cela que nos dirigeants aujourd’hui pensent toujours attendre de l’aide!

TKO : La Belgique est entrain de perdre les ports, les mines. Il ne lui reste que les politiques. Que se passera-t-il si les relations politiques restent au même point.

P-J M. : La question est de se demander comment la Belgique s’était acquise les ports, les mines.et comment elle les a perdu. C’est justement ici le fond du débat politique dont l’enjeu pour nous est dans le pire des cas, perdre l’expertise Belge sans pareille dans notre histoire, ou conserver cette expertise et oser un projet nouveau ou tout le monde gagne ; comme vous le voyez, on revient à la case départ, aurons-nous le courage politique d’une autopsie sans complaisance de ce corps mutilé que sont les rapports Congo-Belgique ?

ZIMBABWE

Lors de la conférence de réconciliation Europe Afrique, une déclaration du camp Européen disait que dans son désir de maintenir son hégémonie sur les colonies, le colonisateur s’est ardemment employé à briser les systèmes d’organisation autochtones par une campagne sans précédent faite de cruauté, de manipulation intellectuelle sous couvert de religion et de civilisation, un pillage systématique des symboles de notre force, une destruction de symboles sociologiques tenant de notre maîtrise sur les paramètres environnementaux , les déportations de la force vive de la population, de sorte qu’on nous imposera des systèmes incompatibles avec notre mode d’organisation et notre mode de réflexion ; au point que nous sommes régis aujourd’hui par des organisations bâtardes qui font le jeux de ceux qui nous dominent.

Etes- vous sûr que c’est la démocratie qui l’a emporté chez nous, ou si vous voulez maintenant que nous sommes régis par des institutions issues des élections démocratiques libres et transparentes. Croyez-vous que la classe politique d’une part, l’opposition officielle et l’autre, ainsi que le reste de la population, d’autre part, ont intégrés les fondamentaux de la démocratie. Pourquoi William SWING après son mandat à la MONUC dira qu’ils ont échoué dans leur mission au Congo ? C’est, consécutivement à la pression, non sans arrières pensées, des grands de ce monde que les Etats Africains sont obligés à adopter un système contre culture. Avez-vous vu l’embarras de l’UA devant ce théâtre de la démocratie au Zimbabwe écrit avec des cendres et du sang ? La démocratie en Afrique, s’apparente à une aventure ambiguë. Il faut redéfinir le fondement du pouvoir en Afrique entre nous Africains. C’est un défi qu’il faut relever.

MAURITANIE

C’est comme d’un phénomène de rejet d’un organe après sa transplantation, la démocratie, la nôtre, l’Africaine serait-elle une démocratie des armes par les bons soins des anciennes métropoles ? Une fois de plus, la Mauritanie élevé en pays modèle, fait les frais de cette transplantation de la démocratie Européenne dans un groupe sanguin incompatible, je voudrais dire, dans une culture qui n’a pas finie de revendiquer son chemin.

 

LYBIE

Ce que je sais de Kadhafi, c’est sa déclaration à l’occasion du sommet de l’UA tenu chez lui à Tripoli, avec en toile de fond son projet sur les Etats-Unis d’Afrique ; Je cite : « Les recherches et découvertes l’ont prouvées, ce continent à été doté de cette belle race noire que certains tentent de dénigrer comme étant une race inférieure. Au contraire, ce sont des ignorants. L’histoire dit que les noirs seront les maîtres de ce monde. Se seront les Seigneurs du monde, et ce sont les ignorants, les ennemis de Dieu qui ont cru que cette diversification de couleur de l’homme est une source d’humiliation ou d’esclavage. » Fin de citation.

Si Kadhafi a été fait Roi des rois, c’est probablement pour qu’il témoigne à propos de ce grand Roi noir qui doit venir en accomplissement de l’oracle dont il s’est fait le porte-voix.

Propos recueillis par Tito Kanza Olivier pour C-RETRO, en 2008